Sculptures éphémères. Totems et reliquaires

Ce travail trouve ses racines dans mon enfance. J’aimais construire avec des pierres et du bois des barrages dans les ruisseaux du voisinage et sur la plage des digues pour contenir les fracas de l’océan. J’aimais l’instabilité de mes installations, de leurs effondrements. Je recommençais, cherchant des astuces pour trouver de la solidité et gagner du temps avant leur inexorable dégringolade par la poussée de l’eau. Bien plus tard, ce plaisir de combiner et de bricoler est revenu quand j’ai perdu la jouissance de mon atelier à Cannes. Lors de mes balades dans les collines de l’Estérel, je ramassais des branches, des bouts de bois calcinés par les incendies, du papier, des riens, des cailloux et j’assemblais ce désordre. Le résultat se transformait en sculptures aléatoires, éphémères. C’est à cette période que l’on m’a offert un Zenit, un appareil photographique soviétique, doté d’une optique Hélios. Avec cet appareil j’ai appris les rudiments de la photographie : la prise de vues, le développement des négatifs, le tirage de l’image. Ainsi je pouvais photographier mes édifices brinquebalants. Je gardais de ces moments une trace, un souvenir, du plaisir. Depuis j’ai amélioré ma gaucherie de bâtisseurs et la stabilité de mes images. J’aime toujours autant combiner mes structures de bric et de broc in situ comme il est savant de le dire. J’ai un terrain de chasse favori : la plage de la Baie des anges le mois de novembre quand la mer se déchaine et jette sur la grève son trop-plein de débris, de déchets et de rognures. Des trésors à la pelle. Ces sculptures éphémères sont devenues dans le temps des éléments physiques d’une mythologie individuelle. C’était les balises. Elles étaient composées d’un bout de bois pris dans du béton qui faisant usage de socle. Sur le haut du manche un chiffon rouge ou blanc était ficelé. Avec ces balises je délimitais des espaces  que j’emplissais de terre pour exécuter des parodies de rituels. C’était l’époque folle, baroque, conne et prétentieuse des performances. Jean Mas dans son ouvrage L’or bleu de Nice en fait état. Gilbert Baud de l’association s’Art à fait un film.

Photos argentiques rehaussées.